DE HENRI III. [i588]                         3^3
noblesse, et La Chapelle Marteau (-) pour le tiers Etat.
La harangue du Roy, prononcée avec une grande éloquence et majesté, ne fut guères agréable à ceux de la Ligue (a). Le duc de Guyse en changea de couleur, et perdit contenance ; et le cardinal encore plus, qui sus­cita le clergé à en aller faire lie lendemain grande plainte à Sa Majesté. Le Roy fut si retenu, qu'il souffrit d'estre tancé et comme menacé d'eux, et principalement du cardinal de Guyse, auquel il permit de la corriger et imprimer, suivant les termes de la rétractation qu'ils firent faire à ce pauvre prince en leur présence; ét si fut ce cardinal si eshonté de dire à son frere qu'il ne faisoit jamais les choses qu'à demy, et que s'il l'avoit voulu croire on n'eût été en la peine ou on étoit. Les­quelles paroles, rapportées au Roy, n'amendèrent pas le marché des Lorrains ; et fut notte que pendant cette rétractation il survint une si grande obscurité, par un. orage, qu'il falut allumer la chandelle pour lire et écrire. Ce qui fit dire que c'estoit le testament du Roy et de la France qu'on écrivoit, et qu'on avoit allumé la chandelle pour lui voir jetter le dernier soupir.
Le 18 d'octobre, à la requeste des Etats, le Roy jura solemnellement l'observation de l'edit de l'Union, pour l'extirpation de l'hérésie et extermination des hé­rétiques; et le .io, envoya Pierre Senault (3), archi-ligueur, pour en faire chanter le Te Deum à Paris.
(-) La Chapelle Marteau : Il étoit maitre des comptes, et fut élu pré­vôt des marchands de Paris après les barricades. — (-) De la Ligne: Les harangues et les remontrances prononcées aux Etats de Blois ont été imprimées. (3) Pierre Senault : clerc dn greffe du parlement, du conseil des quarante et des seize, et greffier de la Ligue.
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